
La mastication canine n’est pas simplement un jeu : c’est un rituel indispensable au bien-être de nos compagnons à quatre pattes. Choisir la bonne mastication (peau, bois, tendons, sabots ou friandise naturelle...) permet à la fois de contribuer à l’hygiène bucco-dentaire, de stimuler mentalement votre chien et de répondre à ses instincts naturels. Cette activité libère des endorphines qui réduisent le stress et favorisent une sensation de bien-être (Held. et al, 2011).
Chaque chien a son propre style de mastication : certains sont de véritables rongeurs, d'autres préfèrent mâchonner en douceur, tandis que certains ont tendance à avaler rapidement. Il est également essentiel de surveiller les quantités distribuées, afin de limiter les apports caloriques excessifs. La mastication reste un complément alimentaire et ne doit en aucun cas remplacer une alimentation complète et équilibrée.
Les différents types
Il y a tout d'abord les incontournables produits à mâcher d’origine animale. Ils sont principalement issus du bœuf ou du porc, tels que la peau, les tendons, les oreilles, les sabots ou encore les trachées. Les peaux de bœuf sont particulièrement reconnues pour leur contribution à la santé bucco-dentaire, en réduisant la plaque et le tartre (Harvey et al, 1996). Les sabots se distinguent par leur richesse en protéines et leur faible teneur en matières grasses.
On trouve également le fromage de yak, aussi appelé Himalayan dog chew. Il s'agit d'une friandise originaire du Népal obtenue à partir de lait de Yak. Chez nous, il se présente sous forme de concentré de protéines laitières, obtenu par acidification de lait de vache écrémé avec du jus de citron. Sa grande dureté provient de son long temps de séchage, pouvant durer plusieurs mois.
Viennent ensuite les bois à mâcher, comme ceux de cerf ou de daim. Bien que riches en nutriments grâce à leur moelle, ils présentent une dureté importante, parfois inadaptée aux mâchoires sensibles. Les bois de daim, légèrement plus tendres, sont souvent mieux tolérés. Une autre alternative intéressante est le bois d'olivier. Plus tendre, il ne produit pas de grosses échardes, réduisant ainsi les risques de blessures dans la gueule.
Enfin, une large gamme de friandises se présente sous forme de viandes séchées aux saveurs variées : bœuf, poulet, dinde, canard, sanglier... Ces produits se caractérisent souvent par leur faible teneur en matières grasses et leur richesse en protéines. On trouve même des options plus originales, comme des moules séchées, des crevettes sauvages ou des poissons entiers séchés.
Vous voulez un scoop ? Le nerf de bœuf n'est pas tout à fait un nerf... C'est un pénis !
La santé bucco-dentaire
La mastication joue un rôle intéressant dans l’entretien de la santé bucco-dentaire. Elle aide à éliminer la plaque dentaire avant qu’elle ne devienne du tartre, plus difficile à retirer. En plus de nettoyer naturellement les dents, elle stimule les gencives, favorisant ainsi la circulation sanguine. Une mastication régulière contribue donc, aux premiers abords, à maintenir des dents et des gencives en bonne santé.
Les études montrent que la mastication permet de réduire l’accumulation de tartre, mais sans entraîner systématiquement une amélioration significative de la maladie parodontale (Pinto et al, 2020). En effet, si le tartre peut être éliminé par le frottement mécanique, les bactéries logées sous la gencive ne sont pas affectées. Or, ce sont ces bactéries qui sont à l’origine de la maladie parodontale et de la mauvaise haleine.

Les mastications dures (comme les os, bois de cerf ou fromage de yak) présentent des risques non négligeables : fractures dentaires, usure des dents, lésions buccales, voire vomissements. L'étude réalisée en 2021 par Arthan et al, montrent qu’environ 1 chien sur 10 subit une blessure buccale liée à ces produits. Certaines peuvent passer inaperçues, mais entraîner des douleurs chroniques ou des infections.
Le choix de ses friandises doit être réfléchi et adapté en fonction de la taille et du tempérament de votre chien. Pour les chiots, il est préférable d'opter pour des mastications souples sur les dents de lait. Par la suite, on peut utiliser des duretés différentes selon le comportement de votre animal.
Un bon repère pour évaluer la sécurité d’un objet à mâcher : si votre ongle ne s’y enfonce pas et qu’il est totalement rigide, mieux vaut éviter. Préférez une friandise plus souple pour limiter les risques de blessures. Et surtout, rien ne remplace un brossage régulier des dents pour une véritable hygiène bucco-dentaire.
Attention aux contaminations
Bien qu’elles soient très appréciées, les mastications naturelles peuvent véhiculer des bactéries, dont certaines résistantes aux antibiotiques (Biel et al, 2021). Ces bactéries ne touchent pas seulement le chien, pouvant lui occasionner des troubles digestifs, mais aussi son entourage, via les selles, la gueule, le pelage ou les surfaces en contact avec la friandise. Le risque est particulièrement important pour les personnes fragiles (femmes enceintes, enfants, personnes âgées ou immunodéprimées).
Pour limiter les risques, privilégiez les fournisseurs français ou européens qui sont capables de vous fournir un numéro de lot, un numéro d’agrément et une réelle traçabilité. Vous pouvez également demander au fournisseur si des analyses microbiologiques sont réalisées sur les produits, afin de garantir leur sécurité sanitaire.

Préférez les produits emballés plutôt que le vrac, dont la provenance et les conditions de stockage sont souvent incertaines. Prenez du recul avec la mention "conditionné en" qui n'est pas une garantie sur l'origine du produit. En cas de doute, vous pouvez ébouillanter les mastications, même si cela peut en altérer l’aspect ou la texture.
Attention aux trachées utilisées comme friandises à mâcher : si votre animal en consomme régulièrement et que les glandes thyroïdes n’ont pas été retirées, cela peut provoquer une (très rare) hyperthyroïdie d’origine alimentaire.
Les bonnes quantités
Afin de respecter les besoins nutritionnels de votre animal, les apports caloriques liés aux friandises et aux compléments ne doivent pas dépasser 10% du besoin énergétique. Cela permet d’éviter des carences alimentaires insidieuses, qui ne deviennent visibles qu’après plusieurs années.
Plutôt que de vous lancer dans des calculs complexes prenant en compte l’âge, la race, le niveau d’activité ou la stérilisation, je vais vous proposer quelques repères simples.
À titre indicatif, les croquettes apportent :
- 320 kcal pour 100 grammes (gamme light/stérilisé)
- 350 à 370 kcal pour 100 grammes (gamme standard)
- 400 à 420 kcal pour 100 grammes (gamme actif/sport)
La plupart des friandises de mastication fournissent entre 380 et 420 kcal pour 100 grammes. Pour simplifier vos calculs, on peut retenir un repère pratique : 400 kcal pour 100 grammes. Les friandises de "récompense” apportent quasi la même énergie que des croquettes standards, soit 360 kcal pour 100 grammes.
Concrètement et simplement, vous pouvez remplacer 10% de la quantité de croquettes hebdomadaires par son équivalent, en poids, en mastication et autres friandises sur la semaine.
Exemple : vous donnez à Médor 300 grammes de croquettes par jour, soit 2100 grammes sur une semaine. En respectant la limite de 10% du besoin énergétique, cela correspond à 210 grammes de croquettes. Vous pouvez donc remplacer jusqu’à 210 grammes de croquettes par environ 210 grammes de friandises par semaine.
Quelques conseils
Il est essentiel de peser le bénéfice et le risque pour bien choisir les mastications adaptées à votre animal. Toutes présentent des avantages et des inconvénients. Observez attentivement votre chien : son appétit de mastication, son comportement et la puissance de sa mâchoire doivent guider vos choix. Optez pour des friandises adaptées à son profil, en tenant compte de tous ces facteurs.
Les friandises à mâcher doivent rester un complément et non un substitut à l'alimentation principale. Une gestion équilibrée entre les friandises et une alimentation complète assurera le bien-être de votre animal sur le long terme.
Les mastications naturelles (peau, sabots, museaux, etc.) contiennent des protéines peu digestibles et à faible valeur nutritionnelle, comme le collagène ou l’élastine. Elles peuvent entraîner des troubles digestifs chez les chiens sensibles, et favoriser la formation de calculs d’oxalate de calcium chez les individus prédisposés. En cas de symptômes digestifs ou urinaires, n’hésitez pas à en discuter avec votre vétérinaire.
Le chien peut avaler toute friandise à mâcher, en plus ou moins grands morceaux, et digèrent généralement bien les friandises commerciales ce qui limite le risque de problèmes digestifs. En revanche, les mastications naturelles (comme les os ou sabots) ont une digestibilité moindre et présentent un risque plus élevé de corps étranger. S'il aime déchiqueter, une mastication tendre fera son bonheur !
La mastication vous questionne ?
Je peux définir avec vous l'équilibre idéal par le biais d'un coaching nutrition personnalisé.