La désinformation sur l'alimentation du chien et du chat

Les infox n’épargnent pas le secteur du Petfood. Comme partout, les contrevérités circulent et les fausses informations se répandent très rapidement. En 2021, la FACCO a dédié une campagne d'information pour tenter de lutter contre les infox les plus courantes.

Chaque jour, je constate l'ampleur de cette désinformation sur les réseaux sociaux. Il suffit de parcourir les différents groupes Facebook dédiés à l'alimentation du chien et du chat, ou de discuter avec n'importe qui d'alimentation, pour se rendre compte que le niveau de connaissance en nutrition et que la fiabilité des conseils sont vraiment très faibles.

Sur le principe de la Loi de Brandolini, s'il est facile de créer une fausse information, sur le fond et la forme, en quelques minutes, il faudra probablement plusieurs heures pour démonter chaque point. La désinformation globale sur l'alimentation des carnivores domestiques et sur la Petfood n'est donc pas près de s'arrêter...

Voici le TOP 10 des choses les plus incroyables que l'on peut lire sur Internet et les réseaux sociaux.

Du passé faisons table en marbre

Les carnivores ne mangent que de la viande

On associe très souvent les 3 mots-clés : glucides, céréales, carnivores. L'idée globale étant que les carnivores sont censés manger uniquement de la viande et non des céréales comme les poules qui, au passage, sont des animaux omnivores. Ces différentes notions se mélangent pour aboutir à un bel exemple de sophisme.

On classe un animal comme étant un carnivore non pas par son régime alimentaire, mais par rapport à la forme de son crâne, de ses canines inférieures saillantes et de ses molaires peu aptes à la mastication. Aujourd’hui, on dénombre 286 espèces vivantes de carnivores, dans 93 genres, répartis dans 7 familles. Et tous ne sont pas à la viande loin de là.  Le loup fouisseur se nourrit de termite, le raton laveur se nourrit de noix, de baies et de temps en temps de petits mammifères et le panda roux se nourrit de bambous, de poissons et d’insectes.

Etre un carnivore ne signifie pas que l'animal doit manger uniquement de la viande mais qu'il se nourrit principalement de tissus animaux. On ne nourrit même pas les fauves dans les zoos uniquement avec de la viande. On leur donne un CMV pour complémenter leur alimentation car, pour des raisons pratiques assez évidentes, il n'est pas possible de leur donner des proies entières fraîchement tuées.

Les sous-produits sont des déchets

On imagine le sous-produit comme un déchet d’abattoir. En réalité, il ne s’agit que de morceaux non (ou plus) utilisés en alimentation humaine. Il ne s’agit donc pas d’un produit de qualité inférieure comme pourrait le suggérer son nom. On pourrait tout à fait mettre un beau filet de poulet dans des croquettes, mais dès lors cette viande sera déclassée en sous-produit de catégorie 3 tout simplement car elle entre dans la chaine alimentaire animale. Ceci n’a donc rien à voir avec la qualité, mais avec la sécurité alimentaire.

D’un point de vue réglementaire, les produits qui ne sont pas destinés à la consommation humaine et réorientés vers le Petfood sont des sous-produits animaux, et ce, quelle que soit la noblesse du morceau. D'ailleurs, pour être très précis, ce qui entre dans la composition d'une croquette, ce sont des protéines animales transformées (PAT) issues de la transformation de certains sous-produits de catégorie 3.

On voit souvent des marques de Petfood se vanter d'utiliser des ingrédients de qualité humaine. Sauf que, les matières premières d’origine animale utilisées en Petfood sont toutes issus d’animaux sains qui ont été abattus sous contrôle vétérinaire et qui ont été déclarés propres à la consommation humaine. Donc... à la base tout est de qualité humaine.

Les glucides sont toxiques

Les glucides sont accusés de tous les maux et notamment de donner du diabète, de favoriser la pancréatite et même l'insuffisance rénale. J'ai récemment vu passer une liste de 54 maladies qui seraient liées aux glucides. Mais bien sûr... sauf qu'aucune étude scientifique ne démontre la moindre de ces affirmations.

Les glucides digestibles sont un des principaux intermédiaires biologiques de stockage et de consommation d’énergie. Les glucides non digestibles, plus connus sous le nom de fibres alimentaires, favorisent le maintien d’une flore intestinale bénéfique et stimulent le transit pour un bon confort digestif.

Alors non, les glucides (amidon) dans les croquettes ne sont pas toxiques, ils sont utiles au même titre que les autres macronutriments que sont les lipides ou les protéines. Ce sont des constituants essentiels des êtres vivants et de leur nutrition. Si les glucides posent problème, c'est uniquement dans le cas d'une ration déséquilibrée trop pauvre en protéines ou en lipides pour couvrir correctement les besoins d'un animal.

Et puis, il y a des glucides que vous adorez donner à vos animaux : les chondroprotecteurs. Comme ils ne sont ni des lipides, ni des protéines… il ne reste que les glucides. Le sulfate de chondroïtine est un glycosaminoglycane (polymère de sucres avec un groupement amine et sulfate) et la glucosamine est de la famille des osamines dont la structure est basée sur celle du glucose.

Toutefois, il faut noter une sensibilité digestive particulière des bouledogues qui ne tolèrent pas une grande quantité d'amidon. Idem pour les races de chats hybrides (bengal, savannah) qui sont les moins tolérantes.

Il y a du sucre dans les croquettes

Contrairement aux idées reçues, il n’y a pas de sucres simples comme du sucre de table dans les croquettes. Une recherche de sucres simples dans les croquettes démontre des valeurs avoisinant les 1% seulement. Ces sucres simples sont apportés naturellement par les différents ingrédients utilisés.

Les principaux glucides présents dans les aliments secs sont l’amidon, source d’énergie qui permet la bonne tenue de la croquette, et les fibres alimentaires. Les fibres vont nourrir le microbiote intestinal et aider au bon fonctionnement du transit. Rappelons que les glucides sont une excellente source d’énergie, de calories dont l’animal a besoin quotidiennement.

Quand les détracteurs qui s'organisent en groupes sur les réseaux sociaux pointent du doigt les "sucres", ils parlent nécessairement de l'amidon et non du saccharose de nos gâteaux, ce qui crée la confusion. L'argument que les croquettes sans céréales ne contiennent pas de "sucres" et sont donc meilleures pour la santé ne tient pas. D'ailleurs, un aliment sans céréales n'est pas sans glucides et peut même en comporter une grande quantité !

En revanche, le mot "sucres" apparaît parfois dans la composition de certaines pâtées. Il s’agit là d’un apport d’un ou plusieurs sucres simples en très petite quantité (saccharose, fructose ou glucose principalement) qui sert à créer des arômes naturels, d’être utilisés comme conservateur, d’améliorer la texture ou encore d’offrir une jolie couleur.

Les croquettes contiennent des médicaments

Même si Hippocrate a affirmé "que ton alimentation soit ta meilleure médecine", un aliment ne peut pas guérir une maladie. On confond souvent (et à tort) les additifs technologiques (vitamines, minéraux...) avec des principes actifs et donc des médicaments.

Si un aliment reprend un objectif nutritionnel particulier, défini dans une liste positive validée par la Commission Européenne, il doit en respecter les prescriptions (composition, type d’aliment, complet ou complémentaire). C’est le cas par exemple des aliments spécialement formulés pour aider à la prise en charge de l’insuffisance rénale, de l’ostéoarthrose, du diabète ou encore de l’obésité.

Dans tous les cas, il n'y a aucun médicament dans l'alimentation des carnivores domestiques.

Il existe tout de même un cas particulier, l’aliment médicamenteux. Il s’agit d’un aliment auquel a été ajouté un médicament pour favoriser sa prise. Cependant, cela reste un médicament à part entière nécessitant une ordonnance.

Il y a des animaux morts dans les croquettes

De nombreux articles sur Internet affirment que l'on fabrique les aliments pour chiens et chats avec des animaux de zoo décédés, des bêtes d’élevage retrouvées mortes, des cadavres retrouvés sur le bord des routes voire des cadavres de chats et de chiens euthanasiés dans les refuges ou les cliniques vétérinaires.

Il est absolument impossible d’utiliser des cadavres d’animaux trouvés sur la route, en élevage ou encore collectés chez les vétérinaires. Cela est strictement interdit en France et en Europe !

Cette rumeur, qui a été largement diffusée sur Internet depuis plusieurs années, provient d'Outre-Atlantique. A ce jour, aucun test ADN n'a pu démontrer la présence de chiens ou de chats morts dans les croquettes. Par contre, il est vrai que des traces de pentobarbital (la drogue qui sert à euthanasier) ont été retrouvées dans des aliments pour animaux, mais toujours Outre-Atlantique et non en Europe.

Les cendres, des os brûlés

Le terme de cendres brutes dans les croquettes est souvent mal compris. Les cendres seraient des os brulés puis broyés qui sont ajoutés aux ingrédients pour former les croquettes. Bien évidemment, cette affirmation est totalement fausse !

Les cendres représentent le pourcentage de matières minérales dans une croquette. C’est ce qui reste une fois que l’on a carbonisé toutes les matières organiques qui composent un aliment. Derrière le terme de cendres brutes se cachent en réalité de nombreux oligo-éléments. Comme par exemple le cuivre, le fer, le fluor, l’iode, le manganèse, le sélénium, le zinc et d’autres. Les cendres brutes contiennent également des minéraux très importants pour nos animaux. Comme par exemple le calcium, le phosphore, le potassium, le magnésium, le sodium ou encore le chlorure.

Si vous regardez une étiquette d’eau minérale, vous avez le détail de tous les minéraux et oligo-éléments. Vous avez également un autre chiffre qui représente les résidus à sec. La quantité de résidus à sec correspond à la quantité de matières minérales restante après évaporation de l’eau. Dans l’alimentation animale, on appelle ça les cendres brutes .

De la vraie viande sinon rien

Il faut se méfier du mot “viande” dans la liste des ingrédients car selon le règlement UE 1017/2017 du 15 juin 2017, le terme de “viande ou viandes” ne peut être employé que si l’on incorpore du muscle squelettique. On ne considère pas comme de la viande, les abats, les viandes séparées mécaniquement et les protéines animales déshydratées. Bien des marques indiquent utiliser de la vraie viande alors qu’il s’agit en réalité de VSM (viande séparée mécaniquement).

Généralement, on mélange la VSM à de la carcasse et on réduit le tout en farine. Les fabricants utilisent pour leurs croquettes haut de gamme des farines plus riches en viande qu’en os. Dans les croquettes bas de gamme, les farines sont plus riches en os car moins onéreuses à l’achat.

Lorsqu’on voit “poulet frais” ou “poisson frais” dans la liste des ingrédients, on imagine que ce sont des animaux entiers et vidés qui sont utilisés. En réalité, ce qui arrive en “frais” dans les usines de Petfood sont des restes de la chaine d’alimentation humaine.

Les photos et illustrations sur l’emballage doivent illustrer fidèlement la composition du produit. Si des cuisses de poulet sont mises en avant, le fabricant doit pouvoir prouver leur incorporation dans la recette, comme le souligne l’Autorité de Régulation Professionnelle de la Publicité (ARPP).

Des plumes, cornes, poils et sabots dans les croquettes

Attention aux on-dit du net : poils, cornes, sabots, laines ou autres parties du genre sont exclus de l’alimentation animale. D’autant qu’ils n’ont strictement aucune valeur nutritionnelle. 

Il est cependant possible d’utiliser des plumes, mais cette matière première a été transformé au préalable sous forme d’additifs ou de protéines hydrolysées. Elles apportent à l’aliment des acides aminés d’intérêt et des protéines facilement digérées par les animaux pour équilibrer la ration. On utilise la farine de plume hydrolysée pour de (rares) aliments hypoallergéniques.

La FACCO met à disposition des professionnels de la nutrition animale, un guide des bonnes pratiques confirmant que les sous-produits animaux et les produits dérivés destinés à l’alimentation animale n'incluent pas : les griffes, les poils, les cornes, les peaux (sauf la couenne de porc), les plumes, les dents, les becs, les sabots, le contenu intestinal et les tissus adipeux.

L'espérance de vie diminue

Certains blogueurs affirment que les chats et les chiens vivent moins longtemps depuis qu’on leur donne des aliments industriels. Tout en ajoutant que "de nombreux vétérinaires évoquent l’explosion des maladies chroniques : cancers, diabète, maladie rénale, problèmes urinaires".

La FACCO, en collaboration avec le cabinet Kantar, publie tous les 2 ans une étude sur le parc animalier français. On observe qu’entre 1996 et 2018, l’âge moyen de décès des chats a progressé de pratiquement quatre ans passant de 8 ans à 11,9 ans. L’âge moyen de décès des chiens a progressé également d’un an environ, sur cette même période, passant de 11,8 ans à 12,7 ans.

On ne peut pas imputer directement cette augmentation de l'espérance de vie à l’alimentation industrielle. Mais si on considère que ce mode d’alimentation est largement majoritaire, on ne peut pas affirmer non plus qu’elle diminue l’espérance de vie des chiens et des chats.

D'autres facteurs contribuent à l’augmentation de la longévité des animaux familiers. La stérilisation et les progrès dans le domaine de la médecine vétérinaire jouent très certainement.