
Nos chiens et nos chats partagent avec nous de longues années de complicité. Comme nous, ils traversent différentes étapes de la vie, et l'âge sénior en fait naturellement partie. Mais bien vieillir, ce n’est pas seulement une question d’années qui passent : c’est surtout préserver autant que possible la vitalité, la mobilité et la qualité de vie.
J’ai récemment eu le plaisir d’assister à une conférence de la Dre Sara Hoummady, vétérinaire et enseignante-chercheuse à UniLasalle Rouen et ancienne enseignante de nutrition clinique à l’ENVA. Elle travaille depuis plusieurs années sur le vieillissement du chien et du chat, avec un regard à la fois scientifique et très concret.
Comme elle le rappelle, mieux vieillir grâce à la nutrition est possible. Voici donc quelques clés essentielles pour accompagner nos compagnons dans cette étape de leur vie.
Les différents types de vieillissement
Quand on parle de chien ou de chat "sénior", on pense souvent à l’âge en années. Pourtant, tous les animaux ne vieillissent pas de la même façon.
Il faut différencier le vieillissement chronologique du vieillissement biologique. Le premier correspond à l’âge réel comptabilisé en nombre d’années depuis la naissance. Le second reflète l’état de santé global et aussi dans quelle mesure le vieillissement a affecté la robustesse et les fonctions d’un individu. Contrairement au vieillissement chronologique, il ne s’agit pas uniquement du temps écoulé, mais de l’état réel de l’organisme.
Le vieillissement en bonne santé : l’individu maintient ses capacités fonctionnelles et développe une résilience suffisante pour répondre à ses besoins physiques, comportementaux, sociaux et émotionnels.
Concrètement, deux chiens de la même portée peuvent avoir des parcours très différents : l’un encore plein d’énergie, l’autre déjà ralenti par des douleurs ou une perte musculaire. C’est pourquoi l’alimentation doit être adaptée et personnalisée à l’état réel d'un l’animal, et pas seulement à son âge.
Je vous invite à lire cette étude passionnante sur le vieillissement du chien : Canine geriatric syndrome: a framework for advancing research in veterinary geroscience.
On y apprend que le syndrome gériatrique canin (SGC) comprend de multiples changements physiques, fonctionnels, comportementaux et métaboliques qui caractérisent le vieillissement. Ainsi que les manifestations cliniques qui en résultent, notamment la fragilité, la diminution de la qualité de vie et les maladies liées à l'âge.
Des changements physiques
Avec les années, le corps de nos compagnons se transforme. Ils peuvent perdre du muscle, prendre du poids plus facilement, avoir plus de mal à digérer certains nutriments, ou encore souffrir de pathologies chroniques.
La perte de masse musculaire est l’un des signes visibles chez nos animaux âgés. On appelle sarcopénie la perte progressive de masse musculaire liée au vieillissement. En s’aggravant, la sarcopénie entraîne une diminution de la force musculaire et des performances physiques.
Lorsque la perte de masse musculaire est liée à une maladie, on parle alors de cachexie. La cachexie est un syndrome métabolique complexe, associé à une maladie sous-jacente, et caractérisé par une perte de masse musculaire, avec ou sans perte de masse grasse.
Pour lutter contre ce phénomène, une alimentation appropriée, notamment riche en protéines, peut être bénéfique. Une activité physique progressive et ciblée contribue au maintien de la masse musculaire. La physiothérapie proposée par certains centres vétérinaire est un exemple d'activité hautement bénéfique pour nos séniors.
Les protéines, casser une idée reçue
Environ la moitié des propriétaires estiment que les chiens et chats âgés ont besoin de moins de protéines. Pourtant, les études récentes soulignent qu’un apport suffisant en protéines de haute qualité est crucial pour préserver la masse musculaire et ralentir les effets du vieillissement.
Des régimes alimentaires plus riches en protéines peuvent contribuer à atténuer les effets de la sarcopénie chez les chiens âgés (Laflamme, 2012). En outre, il a été suggéré que les animaux âgés ont un renouvellement protéique plus élevé que leurs homologues adultes. Cela nécessite donc un apport protéique plus important dans leur alimentation pour aider à maintenir leur masse musculaire.
Vous l'aurez compris, un animal sénior a besoin de davantage de protéines dans son alimentation et non l'inverse. Les protéines doivent être très digestibles et adaptées aux besoins en acides aminés de l'animal. Il est, par exemple, possible d'ajouter de la viande ou du poisson en petite quantité à une gamelle de croquettes afin d'augmenter l'apport en protéines. Dans le cas d'une ration ménagère, les quantités des différents ingrédients seront adaptées en fonction.
La réduction des protéines n’est justifiée qu’en cas de maladie particulière, comme l’insuffisance rénale, et toujours sous contrôle vétérinaire. La viande crue n'est pas recommandée à cause de la diminution des capacités immunitaires de l'animal.
La gestion de l'arthrose
L’arthrose est une affection articulaire courante et invalidante chez les chiens et, dans une moindre mesure, chez les chats sénior. Elle se manifeste par la dégradation du cartilage, provoquant douleurs, diminution de la mobilité et inflammation chronique.
Pour lutter contre l’inflammation, le vétérinaire peut prescrire ponctuellement des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS). Il est également possible d'utiliser des oméga 3 de type EPA/DHA qui, grâce à leurs propriétés anti-inflammatoires, vont contribuer à réduire l’inflammation articulaire et les douleurs associées.
Maintenir un poids idéal est fondamental, car le surpoids accentue les douleurs arthrosiques. Il est possible d’accompagner la perte de poids tout en maintenant un bon volume dans la gamelle grâce à des aliments spécifiques ayant une densité énergétique faible et un apport protéique adapté pour prévenir la sarcopénie.
La sédentarisé est un facteur aggravant de l'arthrose. Une activité adaptée et progressive ne peut être que bénéfique pour maintenir la masse musculaire et brûler les calories superflues.
Pour les animaux souffrant d’arthrose de la colonne ou du cou, surélever légèrement la gamelle peut être bénéfique.
Du changement dans la gamelle
Le phosphore est un nutriment souvent négligé mais dont l’excès peut nuire à la santé rénale. Les études de Böswald (2018) et de Dobenecker (2018) ont démontré que les aliments trop riches en phosphore digestible entraînent des conséquences néfastes sur le fonctionnement rénal. Il est donc essentiel de choisir des aliments dont le taux de phosphore est adapté à l'âge sénior.
Avec l’âge, le chat perd progressivement de sa capacité olfactive, un sens pourtant essentiel pour stimuler son appétit. Les aliments humides, plus riches en composés volatils, sont généralement plus appétents en plus d'améliorer l'hydratation. De plus, un chat âgé peut avoir des difficultés à mastiquer (douleurs, dents manquantes…), ce qui explique souvent sa préférence pour la nourriture humide plutôt que pour les croquettes.
Si vous constatez un amaigrissement de votre animal âgé, il faut essayer d'en trouver la cause. Le calcul du besoin énergétique (kcal) permet de vérifier si la ration est adaptée. Parfois, il est nécessaire d’augmenter cet apport. Certaines maladies ou modifications métaboliques et inflammatoires liées au vieillissement, peuvent accroître les besoins caloriques d'un individu.
Les légumes riches en fibres aident à réguler la digestion des chiens et chats seniors. Les fibres alimentaires préviennent la constipation et maintiennent le transit intestinal en douceur. Intégrer des légumes à leur alimentation peut contribuer à un meilleur confort digestif. En alimentation industrielle, une référence plus riche en cellulose brute peut aussi s'avérer intéressante dans certains cas.
Quid des compléments ? Les preuves d’efficacités des compléments alimentaires pour l'arthrose ou l'immunité sont très limitées chez le chien et inexistantes chez le chat. Il n'existe pas de données probantes pour le PEA (palmitoyléthanolamide) ou le CBD sur les capacités cognitives et physiques. À ce jour, seuls les EPA/DHA associés à une alimentation adaptée sont reconnus comme étant efficaces.
Vieillir mieux, c’est possible
Bien nourrir un chien ou un chat âgé ne se limite pas à remplir sa gamelle. Il s’agit de soutenir son vieillissement, de préserver sa vitalité et de lui offrir la meilleure qualité de vie possible. Un animal bien dans sa vie vivra non seulement plus longtemps, mais surtout mieux.
Lorsqu’un animal avance en âge, il peut être bénéfique d’adapter son rythme alimentaire afin de favoriser une meilleure digestion. Ainsi, il est souvent conseillé de répartir sa ration quotidienne en plusieurs prises : passer d’un seul repas à deux, voire de deux à trois repas par jour. Cependant, il est important de rappeler que cette modification ne doit pas entraîner une augmentation de la quantité totale de nourriture.
La nutrition est une pierre essentielle à l’accompagnement gériatrique. Elle aide à prévenir certaines pathologies, à ralentir les effets du temps et à améliorer le quotidien. Un suivi régulier permet de garantir une alimentation toujours adaptée à l’âge, à la santé et aux besoins spécifiques de votre animal.
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